lundi 26 juillet 2010

Jour 40, le bonheur d'être à côté de la plaque

     Je n'ai jamais été aussi heureuse de me retrouver à côté de la ma plaque ! Le médecin l'a retirée ce matin, ce n'est pas douloureux en soi, seulement les étirements de bajoues qui m'ont fait dresser un peu sur ma chaise. Je crois qu'un échantillon des menus des quarante derniers jours y était inclus. Le goût était affreux, je me suis précipitée à la salle de bain pour me brosser les dents, je vous épargne les détails de tout ce qui a pu macérer dans ce réservoir et que j'ai dû recrâcher.

     Première constatation: je sens mes molaires à droite qui se touchent, celle de gauche m'élance, mais je ne sens pas d'autres contacts entre les deux mâchoires. Il faut dire que la plus grande partie de mes gencives est insensible, j'ai l'impression de porter un dentier, je ne sens qu'une dent en mordant. L'occlusion derrière est bonne selon le concepteur de ma nouvelle mâchoire, mais devant, de canine-à-canine, les dents ne se touchent pas. C'est à l'othodontiste de poursuivre le travail, et je crois qu'il a du pain sur la planche. En vacance cette semaine, j'espère qu'il sera reposé pour une visite surprise la semaine prochaine...pas moyen de joindre personne au bureau pour prévenir de ma libération. De plus, un de mes boîtiers a sauté et se balade sur le fil de l'appareil, savourant sûrement lui aussi sa liberté.

                                                                                                                                       béance antérieure
     J'ai beaucoup d'irritations dû aux crochets chirurgicaux, et j'ai du mal à bien prononcer avec cette nouvelle occlusion. Avec les nouveaux espaces entre les dents, jumelé à l'insensibilité partielle de la bouche, mes c, ch, f et s me semblent aussi efficaces qu'un sifflet à ultrason pour chien. Je n'ai jamais autant sifflé! C'est peu naturel cette nouvelle position, ça prend de la concentration pendant que je m'exerce à mâchouiller une toast trempée. Je me suis habituée à fonctionner avec une béance antérieure (dents qui ne se touchent pas) et cela prendra sans doute un peu de temps pour intégrer une occlusion presque ''normale''. Je dois attendre un mois avant le rendez-vous nettoyage chez le parodonthiste, ce qui ne sera pas un luxe; le rince-bouche anti-inflammatoire prescrit après l'opération a pour effet secondaire de brunir les dents. Un mal pour un bien!

    Pour la suite, je verrai l'ortho la semaine prochaine, il est presque certain que je devrai porter des élastiques, afin de ramener certaines dents dans le droit chemin. Ils peuvent notamment les allonger afin qu'elles fassent finalement connaissance avec celles du bas. Actuellement, j'ai les dents qui semblent plus ''courtes''qu'avant, puisque quelques millimètre de ma gencive ont été enlevés.

    On ne m'a pas laissé d'instructions sur la diète qui est de mise, mais il va de soi que les crudités sont reportées à la prochaine saison. C'est presque insécurisant après tout ce temps d'avaler autre chose qu'une crème de légumes...je peux tout de même passer aux légumes cuits et nourriture molle, histoire de sortir de ce long carême de quarante jours!

     Je récupère très lentement la sensibilité. Certaines parties du menton réagissent à l'effleurement par une sensation de ''chocs électriques'': c'est donc sur la bonne voie. Je n'ai pas encore récupéré à la lèvre inférieure, ni aux gencives et au palais. La lèvre supérieure est encore engourdie, je sens les boules des points de sutures, tous fondus au bout de 3 semaines soit-dit en passant. J'ai aussi l'impression d'une sinusite qui traîne depuis l'intervention, mais je demeure légèrement enflée à la région des sinus.

     J'ai parfois un inconfort à l'articulation gauche, mais pas de douleurs. Toutefois une gêne à une des plaques de titane qui ont été posées, près de ma narine gauche.

     J'ai encore une légère incompétence labiale (un terme pas très élogieux qui signifie que je suis ''incompétente'' pour garder les lèvres fermées au repos) mais moindre qu'avec la plaque. Mes lèvres semblent différentes, plus minces et un peu croches, j'ai maintenant des fossettes lorsque je souris, bref j'ai du mal à m'y faire et je déprime périodiquement, tout en étant consciente que j'ai encore un appareil et que l'évolution et la guérison complète sont loin d'être achevées...

     Pour le dodo... j'ai tant de mal à me réhabituer au Cpap que 3h consécutives fut mon record au cours de la dernière semaine. Je n'ose pas tout remettre en cause sur un aussi petit échantillon, mais sur le relevé je crois avoir moins d'apnées mais autant d'hypopnées, ce qui causent aussi des micro-éveils. Enfin, on verra bien...

lundi 12 juillet 2010

Jour 26, des promesses, des promesses...

    Ce matin, je me suis dirigée de pied ferme vers l'hôpital pour mon suivi bi-mensuel, résolue à demander, implorer s'il le fallait, le chirurgien de m'enlever la plaque occlusale. Je rencontre un jeune médecin résident anglophone qui, sympathisant d'office à ma cause, m'annonce avant même que je lui demande, qu'aujourd'hui on rendra à ma voix son humanité! Mon visage s'éclaire, je postillonne un ''wonderfullll!'' sur ce dernier ''oups, sorry!''. La cicatrisation est belle, mon cerveau semble bien intégrer le changement d'occlusion dentaire pour diriger le mouvement de la mandibule dans sa nouvelle position.

    Arrivée du chirurgien, qui me regarde piteusement tel le chat de Shreck, et me promet finalement une libération conditionnelle...dans deux semaines. Il m'apprend que cette plaque est maintenue par des fils de fer et est aussi vissée (dans la gencive, j'imagine!). S'il n'y avait pas eu de segmentation à l'ostéotomie Lefort I -c'est à dire que si le palais et les gencives n'avaient pas été sectionnés en 3 parties- il m'en aurait fait grâce.  Une petite image pour conceptualiser...

    Mes lèvres ne se touchent toujours pas, ce qui me donne un look contemplatif et tout en béatitude. Si je ne contracte pas volontairement le menton pour les fermer, je risque l'effet de la gravité et comme j'ai voulu disparaître six pieds sous terre lorsque que j'ai bavé allègrement sur un étalage de sandwichs chez métro devant d'autres clients, je ne prend aucun risque! Côté anesthésie, je n'ai retrouvé aucune sensation au menton et à la moitié de la lèvre inférieure. La pointe de la lèvre supérieure est aussi sans sensibilité. Il n'y a qu'au niveau du nez où ça dégèle tranquillement, mais c'est rassurant! J'ai toujours de l'enflure, surtout au niveau des sinus, où la segmentation a eu lieu. C'est peut-être dû aux plaques.

    Quant au décalage vers la gauche de ma mâchoire supérieure, le chirurgien a reconnu que cela n'était pas dans ses plans...Un petit espace s'est formé entre les palettes et ce sera à l'orthodontiste de jouer avec. Mais je risque effectivement de rester avec un sourire un peu décalé.

    Niveau douleur, c'est surtout mon nouveau hobby (le mâchouillement involontaire des joues) et les fils de fer et de l'arc orthodontique qui me font souffrir. Les muscles sont encore raides et tendus, mais cela s'est atténué. Quelques ibupropren, beaucoup de cire pour couvrir le tout, massages et repos facial et le tout redeviens très supportable.

Je tenterai sans doute une nuit avec mon CPAP cette semaine, question de comparer les données...


dimanche 4 juillet 2010

Jour 18, ou le temps du trismus...

    Voilà un bout de temps où j'espace davantage mes publications. La raison est que l'évolution est plutôt lente d'un jour à l'autre, je ne remarque pas de changement significatif, j'ai l'impression qu'un autre pas sera franchis et un autre chapitre ouvert lorsqu'on me retirera cette fameuse plaque occlusale, et que je pourrai réapprendre à mastiquer, parler sans siffler mes ''S'' avoir carrément une patate chaude dans la bouche ainsi qu'une bonne idée de ce qu'auront l'air mes nuits, sans tout cet appareillage.

    Côté oedème, ça diminue très tranquillement, mais ma joue gauche est encore gonflée, bien qu'on ne le voit pas trop sur les photos; cette enflure semble aussi variable, selon la journée! En parcourant des forums, j'ai pu lire qu'il n'est pas rare que l'ostéotomie du maxillaire supérieur modifie légèrement la base du nez, l'élargissant. Dans mon cas, n'ayant qu'une épatante narine épatée, j'ose espérer qu'elle reviendra dans le droit chemin une fois l'enflure dissipée.
Côté zones insensibles, aucun changement à l'horizon. Bref, mon visage n'en fait qu'à sa guise!

    J'ai repris le poids que j'avais perdu, avec le renfort de mes avocats (non, pas ceux-là, je parle des fruits!) et du gâteau McCain...que je me permet dans la plus stricte intimité. C'est que voyez-vous, je ne suis pas encore un cas de restaurant pour l'instant! Je n'ai pas l'impression d'avoir gagné de millimètre au niveau de l'ouverture buccale, mais c'est peut-être dû à la plaque ou mes problèmes musculaires. Une cuillère y rentre tout juste!

    Je crois, sans avoir eu toutefois avoir eu le diagnostic officiel faute d'être repartie à la recherche d'un médecin, avoir souffert d'un trismus. En gros, c'est la contraction permanente d'un muscle qui s'est trouvé traumatisé. J'en ai fait un il y a 6 mois suite à l'extraction d'une dent de sagesse incluse, qui s'est soldée par une alvéolite sèche, une inflammation. C'est douloureux, et ça me draine pas mal d'énergie quotidiennement. Cela peut prendre quelques semaine avant de partir, mais je crois que le pire est passé. Pour soulager, compresses chaudes, massages doux, les médicaments en vente libre ne semblent pas faire effet et lorsque j'avais mentionné au chirurgien mes contractures à leurs début, il ne m'avait pas offert d'antispasmodiques, qui semblent indiqués dans ce cas.

    Par ailleurs, mauvaise surprise, avant l'opération, ma mandibule était légèrement décalée vers la gauche; je peux constater que mes deux mâchoires s'emboîtent maintenant parfaitement, le seul problème, c'est qu'elle tire toujours autant sur la gauche...le haut est donc aussi désenligné. Pour donner une image, mes palettes ne sont plus centrées au milieu de la lèvre et sont quelques millimètres sur le côté. J'espère que l'ortho pourra réenligner tout cela...je vous en donne des nouvelles!

Bon, on constate ici que l'enflure persiste...