J'ai le vague souvenir d'une matinée ensoleillée, au début du nouveau millénaire, de m'être éveillée emplie d'énergie, prête à commencer ma journée avec mille-et-un projets...
De mémoire, 8h de sommeil n'ont jamais suffit à me faire sentir reposée et réénergisée. C'est surtout lors de mon retour aux études à temps plein, début vingtaine, que j'en ai ressentis tous les impacts. Les nombreuses heures passées à dormir ne suffisaient pas à recharger mes batteries, j'appréhendais ce lendemain après ces nuits écourtées, et je m'essoufflais à dormir autant sans être reposée...que se passait-il? Rien ne pouvant expliquer ce sommeil si léger, ni maladie ni stress particulier, j'ai dû consulter au moins trois ou quatre médecins, avant de me faire à l'idée du discours servie par la dernière rencontrée, recommandation assortie d'un petit papier blanc où j'ai pu déchiffrer un ''Effexor'' presque illisible. ''Vous devez apprendre à vous relaxer, Mme M. Vous êtes trop anxieuse, ceci vous aidera à vous détendre''. Des anti-dépresseurs, moi? Mais je suis anxieuse et déprimée parce que je ne dors pas assez, ne pensez pas que c'est le contraire qui se passe!
Deux ans et des dizaines de renouvellement de prescription ont passé, entrecoupés d'un sevrage de quelques mois. Ce médicament avait quand même un bon côté; en fait, je ne dormais pas mieux, au contraire, j'avais des cauchemars horribles, mais maintenant je me fichais d'être crevée le lendemain! Un dernier sevrage intense mit fin à ce traitement qui n'arrangait en rien mon problème (je précise qu'il s'agit ici de mon expérience et vous incite à ne jamais mettre fin à un traitement avant d'en avoir discuté avec votre médecin). Je terminai mes études en intervention sociale et me décrochai un nouvel emploi quelques semaines plus tard, en juillet 2005.
En décembre de cette année-là, rien n'allait plus. Je me réveille maintenant des dizaines de fois par nuit, sans raisons. Je me couche à 9h le soir, et je me réveille chaque matin plus fatiguée que la veille. Je chope virus et infections une après l'autre, je suis au bout du rouleau. Je consulte un médecin sans rendez-vous, à Montréal-Nord. Je n'avale pas sa nouvelle prescription d'un congé de maladie, et rejette son diagnostic à la noix (Ah, vous être intervenante sociale, vous voyez trop de problèmes!); Aussi je m'objectai à sortir de son cabinet sans avoir une référence pour une étude de sommeil, une polysomnographie.
Ainsi fut mon entrée dans le système de santé. Plusieurs mois d'attente plus tard, j'ai pu rencontrer un pneumologue, puis passer les tests de sommeil. Nous sommes en 2006. Enfin, la cause de ma fatigue fut autre que ''dans ma tête'': je souffrais du syndrôme d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAOHS). Qu'est-ce que ça mange en hiver? Cliquez
ici, tout y est expliqué. Quoi que je ne corresponde en rien du profil-type de cette affection (pas de surplus de poids, de cou large, ni d'âge mûr), une caractéristique physiologique expliquait ma condition: je suis rétrognate, c'est à dire que ma mâchoire inférieure est reculée et que mon menton est fuyant. Disons que ça se remarque assez vite au premier coup d'oeil, et qu'avec cet indice, c'est incroyable que pas un seul dentiste ou médecin n'aie eu la puce à l'oreille avant...
J'ai tenté divers traitements. D'abord, une orthèse (non prescrite par un dentiste) qui avançait ma mâchoire, à porter la nuit, qui me faisait souffrir et risquait de désaligner mes dents si portée sur une longue période.
Puis, une machine un peu encombrante à mes yeux: le
CPAP. Difficile pour moi de m'y astreindre chaque nuit et de m'y contraindre à vie. Malgré son port, auquel j'ai encore tant de mal à m'habituer, il me reste cette sensation de ne pas récupérer suffisamment de sommeil. Pour beaucoup, la thérapie par pression d'air positive soulage le syndrôme; mais je me réveillais encore fatiguée...de plus, la comparaison entre des radiographies dentaires ont démontré qu'aussi mal enlignées, l'articulation mes mâchoires souffre d'arthrose, une usure prématurée. Elle s'amenuise, petit à petit, et ma mandibule inférieure bascule davantage vers l'arrière, ce qui semble comprimer de plus en plus mes voies respiratoires et me gêne au niveau fonctionnel (seules mes molaires se touchent). Des mois de recherches plus tard, de nombreuses démarches parsemées d'obstacles et des pluies d'évaluations, et m'y voici... À la recherche d'une solution, j'apprends par mes propres moyens qu'il existe une autre alternative...après maintes démarches pour faire valoir aux médecins que c'est la voie que je choisi, on se dirige finalement vers la dernière option, le traitement-choc dont les spécialistes ne m'avaient pas parlé: l'ostéotomie bi-maxillaire, afin de replacer la mâchoire. Pour vous montrer le principe :
(courtoisie de sleepapneasurgery.com)
La bonne nouvelle s'est annoncée par une belle journée de juin, en 2008, où enfin l'espoir d'une meilleure qualité de vie renaissait. En novembre, je débutais le traitement orthodontique requis (mais évidemment non couvert par mes assurances...) pour l'opération. Quelques dents de sagesse en moins et quelques économies envolées, voici que le moment tant attendu arrive...plus que quelques nuits avant le grand saut, onze en fait! Ma meilleure préparation pour ce qui suivra est de consulter les blogues, forums, photos de ceux et celles qui ont eu la générosité de partager leur parcours... je déplore le manque d'informations sur les suites opératoires transmises par les hôpitaux. C'est donc à mon tour de livrer un peu de mon intimité afin de rendre la pareille aux suivants(es)!