lundi 28 juin 2010

Jour 12, le rituel du rictus

    Rendez-vous chez le chirurgien aujourd'hui, qui m'a fait grâce des élastiques qui servaient à guider ma mâchoire. Petit soulagement, mais bienvenu quand même! Je dois toutefois conserver la plaque occlusale pour 4 à 6 semaines en tout. La raison du chirurgien: le maxillaire supérieur a été segmenté en trois parties en plus de la coupe transversale, ce qui exige l'immobilité de ce dernier afin qu'il puisse bien se ressouder. Je conserve donc mon souffle de Dark Vador et mon entourage est averti d'ouvrir le parapluie lorsque je parle de proche! Verdict: tout va bien, il faudra attendre l'enlèvement de ma plaque spécial édition Star Wars afin d'avoir une idée plus juste au niveau des apnées (encore plusieurs réveils et de la fatigue) et pour voir si mes lèvres se toucherons sans effort (en relâchant, j'ai la bouche entrouverte, mais c'était déjà le cas avant. Une ouverture de 2 à 3 mm est considérée normale, et sera donc visée). Les rendez-vous seront espacés aux deux semaines.

   Côté douleurs, je ressens une tension et une fatigue permanente dans la mâchoire inférieure, mes muscles sont constamment contractés, impossible de détendre le tout. J'ai quelques douleurs lorsque je ris, souris et parle, et un point de suture me gêne particulièrement. Le repos ''facial'' demeure pour moi le meilleur analgésique!

     L'appétit se fait sentir...aux trois heures! Je m'alimente plus souvent car je perdais du poids et me sentais amaigrie. J'ai aussi eue une faiblesse il y a quelques jours. Descendue à 102 lbs, je remonte tranquillement et suis présentement à -3 lbs depuis l'opération. Les suppléments liquides ont un goût assez douteux mais la version ''plus calories'' fait vite reprendre du poids. Je rajoute aussi des avocats en purée dans mes soupes et ne peux plus m'en passer! Les milks-shake sont quotidiens et j'ai même pu me concocter un petit rhum & coke. Je n'ai pas le feu vert pour mâcher autre chose que mes mots, et bien franchement, je ne pourrais pas actuellement. La bonne nouvelle est que ma vésicule biliaire, qui me faisait souffrir quotidiennement, est maintenant en vacance! Disons qu'il faut un peu d'imagination pour combler les besoins en protéines, fibres et compagnie...

    Les gonflements persistent, mais je constate le progrès et les hématomes sont presque entièrement disparus. Quelques fourmillements et nerfs énervés (impression de froid ou de ''mouillé'' quand ce n'est pas le cas, tressautements). J'ouvre les mâchoires à environ 12 mm.



Aucun programme fitness pour mes mâchoires n'est de mise, mais la sentant plutôt rouillée le matin et ma quincaillerie se fondant dans mes bajoues, je me soumets à des séances quotidiennes de rictus. Si vous aviez vu la tête du voisin qui m'a vu faire tantôt sur mon balcon...

jeudi 24 juin 2010

Jour +8, doutes, ruptures, reprises, Star wars

    Période plutôt stable en ce moment, sinon que le moral n'est pas très fort, je vous mets en garde. Les répercussions psychologiques de cette opération ne sont  pas  à prendre à la légère, il y a des hauts, des bas... Je ne ressemble plus à un poisson-ballon mais je dégonfle inégalement, ce qui laisse place à ce qui ruine le moral mieux que tout: le doute.

   J'ai le nez plus épaté d'un côté (et  insensible en partie), un creux assez profond sous la lèvre inférieure mais d'un côté seulement, est-ce que cela va rester ainsi, ou être symétrique? Symétrique avec ou sans narine épatée?? Qu'est-ce qui restera de tout cela ? Et les boules dures sur ma mâchoire de droite, c'est quoi doc, de l'enflure, de l'os oublié ou un écrou dévissé? Ça reste ou ça ne sera qu'un mauvais souvenir? Anxiété, lorsque tu nous tiens!

   Une fois les élastiques desserrés, je pensais pouvoir parler, mais cette plaque, oui cette chose qui ressemble à un calfeutrage de silicone jaunis au milieu d'un établi débordant d'une artillerie de vis,  de fils et de boucles, cette plaque dis-je bien dépasse aussi d'un bon cm à l'intérieur de mon palais. Pas douloureux, seulement inconfortable, et donnant un ton minimaliste à ma diction doublée d'une résonance digne de  Dark Vador. Bon, quatre semaines encore à me taper un accent yougoslave sortit d'on ne sait où!

     Comme je le disais, cet entre-deux est une petite torture pour le moral, que je tente d'exorciser par l'auto-compliment systématique, même lorsque qu'affamée, j'échappe mon verre de smoothie à ras-bord, la lecture de vos commentaires et encouragements, la prise de photos où je ne garde que celles qui me mettent à mon meilleur, et l'anti-dépresseur ultime, une Aéro entière fondue dans un verre de lait. Avec 3lbs en moins que je n'avais pas à perdre, je me sens maigre et moche. Je m'isole depuis lundi dernier, ma vie est chaotique, la solitude me pèse et j'ai recommencé à fumer il y a quelques minutes avec la hantise de retarder ma guérison et l'amertume de cet échec coincée au fond de ma gorge. Bon, si mon auto-suggestion fonctionne, vous êtes aussi déprimé(e) que moi présentement. Veuillez fermer toutes les fenêtres svp, pour votre sécurité. Voilllà!


     Les bons points alors: je bave un peu moins, il faut dire qu'avec toute cette machinerie dans la bouche, ainsi que les dents et les lèvres presque insensibles et la loi de la gravité que l'on ne peut éviter, c'est un must de réapprendre à discrètement conserver sa dignité. Je continue des exercices d'ouverture, luttant contre les élastiques, pour tonifier les muscles. On n'a toutefois pas prit le temps à l'hôpital de me montrer ce programme, alors j'y vais comme je le sens. Je parviens à faire des sourires figés, l'espace de quelques secondes. Je peux ouvrir d'un doigt pour l'instant, mais je sens par moment que l'intérieur de mes joues est sérieusement endommagé par mes barbelés. Et avec l'enflure, pas une ridule, j'ai l'air d'avoir retrouvé mes 20 ans...
Pour les médicaments, sauf un demi anti-douleur hier car j'ai trop abusé de ma voix portante, je m'en tiens à de l'ibuprophen régulièrement.


  Je tente de légers massages au visage, afin de stimuler la micro circulation et drainer ce qui semble profondément endormit. J'ai entendu parler de Kinésithérapeutes spécialisés en maxillo-facial; si vous en savez-plus à ce sujet, écrivez-moi! Je surveille mon apport en protéine et celui en pensées positives, d'encore plus près, pour les prochains jours!

lundi 21 juin 2010

Jour +5, on étire l'élastique!

    Chaque matin, je me tire du lit après une nuit ponctuée de réveils. En effet, pas très confortable de dormir à 45 degrés, en bavant un quart de litre de salive à l'heure (mes lèvres ne se touchent pas pour l'instant), de plus je me suis accrochée le visage quelques fois cette nuit, question de tester si mes réflexes de douleur sont toujours fonctionnels. J'assure que oui, tout à fait! Je me réveille avec une seule idée; où en est le gonflement? pareil, pire ou diminué? Je crois bien être arrivée au maximum ce matin, ce qui n'aide pas le moral: la peau est dure, gonflée et sensible.  Il ne me manque que les fossettes pour qu'on me prenne pour une poupée Bout-de-chou! Côté hématomes, j'en ai beaucoup moins que j'aurais cru; j'ai simplement le bas des joues et le cou jaunes. Je crois que c'est du cas par cas, idem pour l'enflure; on ne peux prédire comment le corps réagira. On m'a conseillé de commencer à apposer du chaud sur mes joues, afin d'en diminuer l'enflure.


    Aujourd'hui, rendez-vous avec mes médecin et chirurgien. Le chirurgien a l'air quelque peu surpris de l'amplitude de mes bajoues et de mes lèvres pseudo-siliconées, mais me réassure que tout s'est bien passé en ce qui concerne l'intervention. Je suis nettoyée à la solution saline et aspirée sans ménagement, c'est un peu douloureux, mais cela demeure tolérable. On retire aussi les petits points de suture sur l'extérieur de mes mâchoires. Faillit demander au chirurgien si c'est une lampe chirurgicale, un coin de porte ou un stagiaire évanouis qui m'a causé une ''poque'' sur le front, mais pas osé, ne connaissant pas sa tolérance à mon humour absurde...J'ai des images à la Louis de Funès qui me viennent en tête, hihi!

Le médecin me fait grâce de mes élastiques, qu'il remplace par du caoutchouc moins serré. Ah, la sensation lorsqu'il les coupe... L'impression que la mâchoire s'ouvre toute seule et très béatement! Dans les faits, elle ne s'est entrouverte que de 2 mm, mais rien que de sentir un courant d'air dans ma gorge, en aspirant, fut si surprenant et revigorant. Mon copain souligne gentiment  que des fils de suture me pendouillent au dessus des palettes; le médecin s'exécute donc à retirer les dit fils, mais pour ce faire, ne cherchez pas à comprendre, il a dû tirer et retirer sur les fils avant de mettre fin à mon calvaire. Je dois avouer que ce fut de loin la pire douleur depuis le début de l'aventure...c'est décidé, le prochain fil trouvé y restera!

    Avec une ouverture d'environ 4 ou 5 mm, en forçant la mâchoire, je peux enfin glisser mes médicaments et boire quelques gorgées au verre. Ces comprimés me hantent depuis le début; je dois prendre mes antibiotiques et mes anti-douleurs dilués à la seringue aux 6h, et le goût est très âcre. Je n'ai pu prendre de l'ibuprophen qui, une fois broyé, deviens très acide et hyper irritant au contact des plaies de ma bouche et de ma gorge. Ce changement me boost le moral!

    Côté alimentation, je vais pouvoir boire un peu plus épais, mais je peux rien mâcher; je devrai garder ma plaque occlusale pour 4 semaines. J'apprends les aliments à éviter ou à filtrer, disons qu'après 48h je crachote encore des pépins de framboise, alors pas envie d'une infection! Je suis à 104 lbs, j' ai donc perdu deux livres depuis 5 jours. Heureusement, je n'ai souffert d'aucun vomissement ou nausée, contrairement à plusieurs malchanceux dont j'ai lu le récit. L'absence de fibre, de nourriture solide et la prise des antidouleurs causent toutefois une constipation présente depuis maintenant six jours, je suis donc ressortie de mon rendez-vous avec une nouvelle prescription. Pour les antidouleurs, j'en prend maintenant un demi ou un quart de comprimé aux 6h. Il me rend un peu comateuse alors je tente de m'abstenir, bien qu'une fois la douleur insallée, elle est plus réticente à se calmer...mais cela reste, je le répète, supportable.

    Socialement, c'est un peu dur de me balader avec la tête que j'ai. Je ne peux pas encore jouer d'expressions faciales, mon visage est figé et je me limite à deux airs: l'air bête et l'air piteux-hagard. Mais je peux faire les deux en même temps! J'imagine que je saurai me fondre dans la foule du métro à l'heure de pointe...

samedi 19 juin 2010

Jour +2 , retour à la maison

    J'ai mieux dormi, mais cela reste trop tôt pour dire si l'opération a été efficace pour l'apnée, puisque ma gorge, mon cou, mes sinus sont enflés. Le médecin m'enlève le bandage sur le menton, ce qui semble donner à ma peau le loisir de gonfler encore plus. C'est que j'ai du potentiel! Les jours 2 à 4 sont ceux où le gonflement atteint son maximum. Je recommence à prendre de l'arnica, en homéopathie. Les hématomes peuvent mettre une semaine à sortir, parait-il. Je devrais avoir mon congé ce jour, en fin d'après-midi.

    Au dîner, du lait, du café, une crème de blé gélatineuse qui ne passe pas, mes lèvres et ma bouche sont trop gonflées et rigides, et il y a si peu d'espace pour filtrer cela entre mes dents. Si je me fie au menu qui a changé, j'accuse du retard? J'arrive péniblement à utiliser une paille, et ma voix entravée par ma mâchoire, solidement attachée, ne parviens qu'à jouer avec l'intonnation de mes grognements.

    Pour couronner le tout, une infirmière que je n'avais jamais vue était toute consternée par le fait que je ne pouvais avaler de pillules, ''qu'allez-vous faire à la maison ?'' tout en racontant en détail, pendant que je prenais mon antibio dillué à la seringue (Mmm...) , que l'autre jeune fille récupérait comme si elle n'avait pas eu d'opération, arrivait à ouvrir la bouche, marmonner, etc. Quelle manque de savoir être, alors que de toute évidence mon opération était plus lourde et que j'aurais aimé m'en sortir aussi bien, et que l'autre n'avait pas la mâchoire ligotée! Je me suis mise à m'inquiéter de ma progression, et j'ai eu envie de l'asperger de cet horrible Colace rose fluo à la seringue, une fois mes anti-douleurs pris. Grrr!

    Sortie un peu tardive de l'hôpital, car le médecin était introuvable. L'équipe me remet un longue liste de prescriptions et un rendez-vous est fixé le lundi suivant, avec le chirurgien. J'ai mal mais c'est supportable. Quelle chaleur dehors! Je me sens gonfler de plus belle. Effet botox garanti, j'ai l'air rajeunie de 5 ans. Ce vendredi soir, quelques seringues de jus, des médicaments et dodo!                            


Un avant, pour la comparaison
jour +2, au retour ...l'enflure se met de la partie!


Jour +3, le gonflement est très présent...
                                               Jour +4

Jour + 1

    Réveil pénible, à peine dormi. On me donne des médicaments à la seringue, dont des solutions qui me décapent la gorge. Le médecin m'enlève ma sonde gastrique dans la matinée, l'infirmière la sonde vésicale. Quel soulagement! on stationne mon fauteuil roulant dans un corridor bondé de gens, au 3e étage, en attente pour une radiographie. La pile de ma perfusion est faible, je me met donc littéralement à sonner durant les 40 minutes d'attente. Je suis sale, j'ai du sang séché sur le visage, je commence à enfler, j'ai mal, et j'émets une sirène qui fait que tout le monde me regarde telle une marmotte joufflue qui est passée sous un dix roues. Discrétion, quand tu nous tiens!
J'aperçois mon visage dans le miroir de l'appareil; les joues ne sont pas très enflées, le nez un peu croche, mais mes lèvres en ont eu pour leur argent...j'ai l'impression d'avoir reçu l'équivalent de 5 tubes de collagène...

    Je croise l'autre jeune femme qui a eu une ostéotomie le même jour, qui ne semble ne pas être trop gonflée et peut même marmonner quelques mots compréhensibles.

    Alimentation: j'ai enfin droit à un déjeuner, comprenant un café, un jus d'orange et un simili jello que je suis incapable d'aspirer. C'est que mes lèvres commencent à enfler et elle ont été sérieusement écorchées par les instruments. Je dîne au bouillon de poulet et soupe au bouillon de boeuf. Je prend le tout à la seringue, car je ne peux succionner à la paille.
    Côté sensibilité, je ne sens pas mon menton, je sens ma lèvre du haut à la pression du doigt (comme si cela dégelait après le dentiste), ainsi qu'une partie seulement de la lèvre inférieure. Je suis engourdie du côté droit (je ne sens plus mon nez) et jusqu'au coin des yeux. J'ai toujours un épais bandage qui tapisse mon menton. En fin de journée, on m'amène du décongestionnant nasal en vaporisateur. C'est ridicule, mais il fallait le demander spécifiquement, sans quoi personne ne me l'a offert, malgré mes difficultés respiratoires. En tout cas, ce fut le baume de ma journée!
    Médication: Je ne suis plus sous morphine, je prend de l'oxycodone. Je dois me reposer après chaque dose, qui m'assomme et me fait somnoler, mais la douleur reste tolérable. Je réussi à dormir un peu dans l'après-midi, grâce aux médicaments. En soirée, mon tourtereau s'est chargé de me faire garder le moral, et tente de ne pas trop me faire rire!


Le grand jour, l'opération

   Entrée à l'hôpital à 6h00 Am, l'opération a eu lieu comme prévue vers 8h30. Je me souviens que l'anesthésiste m'a annoncé que j'allais bientôt m'endormir, j'ai eu peur de me sentir partir puis, l'image suivante fut une infirmière qui me demanda si j'éprouvais de la douleur, et je ne pu que lui faire signe de la tête que oui. On m'enseigne immédiatement le fonctionnement de la distributrice de morphine, du type ''self-service'', que je peux m'envoyer aux 7 minutes (7...le chiffre du bonheur ;-). Un peu peur quand même de perdre davantage la tête, et la douleur est difficile à soulager au début. Je suis toujours en salle de réveil, j'ai en mémoire un appareil qui me serre régulièrement les jambes (afin de prévenir les phlébites), puis un vague souvenir de la visite du chirurgien, qui me dit que tout c'est bien passé. Mon copain viens me rejoindre vers 17h et arrive au moment d'une intense succion nasale, sans doute presque aussi pénible à voir qu'à subir...une civière de plus, svp!

    L'intervention aura duré entre 4 et 5 h,  j'ai dormi de 8h30 jusqu'à 17h. mais je ne suis sortie de la salle de réveil qu'à 21h. J'ai une plaque occlusale et on m'a complètement ligaturé les dents, avec des élastiques et du fil de fer. Le chirurgien a décidé de me faire garder la sonde gastrique jusqu'au lendemain, ce qui ne semble pas plaire au personnel soignant, à moi non plus d'ailleurs; c'est très douloureux à la gorge. Je dois dire qu'il y a un inconvénient dont j'avais peu entendu parler: la congestion quasi totale du nez. Les sécrétions sont épaisses et abondantes, impossible de se moucher, je ne pouvais à peine respirer par la bouche, alors ces manques d'oxygène intermittents furent davantage traumatisants pour moi que la douleur, somme toute assez bien tolérable. Les saignements de nez sont aussi très abondants, presque sans arrêt.  Je suis constamment à bout de souffle, ainsi commence ma vie de non-fumeuse!

    Je ne peux boire aucun liquide, je suis nourrie par perfusion. Le matin de l'intervention, je pèse 106.02 lbs, taux de graisse corporelle à 22% (moi et mon pèse-personne sophistiqué!), j'espère ne pas en perdre trop. J'ai une bosse douloureuse au front (?), dont la provenance laisse libre cours à mon imagination absurde, mais impossible de rire, ça déclenche de vives douleurs à la mâchoire supérieure. Je sens peu le reste de mon visage, qui est engourdit. Je ne suis pas autorisée à me lever, je porte d'ailleurs une sonde vésicale (effet de surprise garanti, merci Nurse de m'avoir prévenue!!!). Je suis morte de fatigue mais ne peux m'endormir, je crois avoir dormi environs deux heures, à l'aurore, je ne me souviens pas avoir rêvé.


mardi 15 juin 2010

Le petit monstre à écraser

    Ce matin pour agrémenter mon réveil, quelques prises de sang, un électrocardiogramme, quelques mesures et sourires fendus jusqu'aux oreilles, interrompus par un petit ''oh...that's weird...Hey Tom, look at this'' échappé un peu trop fort par le médecin, suivi sur le champs d'un attroupement généralisé de jeunes résidents généralistes généralement curieux (j'adore me sentir la star...), groupe qui se dispersa seulement lors de nouvelles radiographies où à mon immense soulagement, j'entrais finalement dans ce concept si réconfortant qu'est la ''norme''. Je suis normale, Ouf!

    Ma commande d'épicerie se résumera à du lait de soya, du lait et encore du lait , des oeufs, du yogourt, quelques fruits, des jus, compote, soupes, crèmes, fibres solubes et protéines en pot d'au moins 5 litre. C'est géant ces trucs-là! Je dépoussière mon blender pour l'occasion et lui donne la place d'honneur autrefois occupée par le grille pain. Et bien sûr bibitte à sucre comme je suis, je risque de concocter des smoothies démoniaques tel que le classique au sucre à la crème d'Yvonne pour ceux et celles qui le connaissent, et quand le doc le permettra, je me sacrifierai pour tenter une version décadente au Khalua ou au Baileys !
Si quelqu'un a des recettes faciles à me suggérer, je suis partante!

    Un dernier p'tit coup, plus dur encore que d'avoir porté ces broches depuis un an et demi...passer à l'état d'ex, d'ancienne, de jadis, de feu la fumeuse qui n'a maintenant plus besoin de feu...je me nourris des écrits de mon maître, mon gourou en ce moment décisif, Allen Carr. Je recommande vivement ses écrits, qui on sut captiver la sceptique que je suis! C'est un joli cadeau que j'ai reçu...malheureusement, j'ai apostrophé d'aplomb mon merveilleux donateur à ma première journée sans fumer (bon, à vrai dire cela ne faisait que 3 heures que je m'abstenais)... ça ira mieux demain! (dit-elle en louchant nerveusement sur son paquet rouge et blanc...)

jeudi 10 juin 2010

Une naissance à préparer, du chocolat à savourer

    Arrivée stressée ce matin à mon rendez-vous avec le chirurgien, sortie le coeur léger...enfin, du concret. J'ai la chance d'avoir eu des explications détaillées de ''mon cas'', qui sera discuté en équipe multi demain, démonstrations à l'appui à l'aide d'empreintes dentaires et d'un logiciel de simulation, fiable à 90% (qualité d'hôpital, le 3D n'y pensez pas!). Un estimé au menu: en entrée, une avancée du maxillaire supérieur de 2 à 3 mm, puis une impactation (remontage) de ce dernier de 3-4 mm; le plat de résistance, une avancée de la mâchoire inférieure incluant une rotation afin que mes dents aient une bonne occlusion. Et pour dessert, on termine par une génioplastie, donc un allongement de la mandibule de 5 à 6 mm. Il est optimiste que cela corrigera mon apnée du sommeil. Par contre, il y a un risque de fracture de la mâchoire plus élevé durant l'intervention dans mon cas, puisque celle-ci s'est assez résorbée au niveau des articulations, entre-autres. Il y a aussi un risque de récidive; le super logiciel ne pouvant le prédire, le temps le dira...

    Cet après-midi, j'ai fait le plein de provisions de débarbouillettes humides, de brosses à dents miniatures, de gobelets à paille, de pots pour les purées, en ayant l'impression de préparer un accouchement, ou une naissance...

    Et je savoure allègrement une Aéro à la menthe en écrivant ce billet, prescription du chirurgien qui me souhaite quelques livres à prendre avant le jour J. Mmm, merci docteur!

mercredi 9 juin 2010

Le reflet d'après

   Dernier work-up mardi dernier...le dernier avait été planifié trop tôt avant la chirurgie. Des mordées, des empreintes roses bonbon, des mesures à l'aide d'un appareil semblant tout droit sorti de Star Trek, la routine quoi...heureusement, l'hygiéniste est sympathique et me raconte des annecdotes pour rendre la chose plus légère. Dont celle d'un patient aux mâchoires contentionnées qui, affamé, a profité du party de bureau de l'étage pour se prendre une part de gâteau...et tenter de l'insérer désespérément entre ses dents solidement attachées. Ça devait être d'un chic!

    On n'a pu m'informer pour l'instant du joli compte reçut dernièrement, qui m'a fait nommer quelques pièces de mobilier ecclésiastique à sa lecture. Des honoraires pour les 2 derniers work-up, s'élevant à 500$. ''Apparament vous n'êtes pas la seule à ne pas avoir lu les petits caractères en bas du consentement'' me dit-on. Bon, j'imagine que de toute façon je sauverai sur l'épicerie pour les prochaines semaines...

    Hâte de rencontrer le chirurgien demain...il devrait me montrer une simulation de mon visage d'après. J'avoue que je n'y pensais pas trop, mais maintenant que le jour J approche, j'y songe et mon imagination roule à fond. Pas pu m'empêcher d'essayer ce petit logiciel de simulation de chirurgie esthétique trouvé sur le net, qui permet de transformer tout ce que l'on veut ...fous rires garantis!

samedi 5 juin 2010

Mon histoire, mon parcours: je me souviens...

J'ai le vague souvenir d'une matinée ensoleillée, au début du nouveau millénaire, de m'être éveillée emplie d'énergie, prête à commencer ma journée avec mille-et-un projets...

   De mémoire, 8h de sommeil n'ont jamais suffit à me faire sentir reposée et réénergisée. C'est surtout lors de mon retour aux études à temps plein, début vingtaine, que j'en ai ressentis tous les impacts. Les nombreuses heures passées à dormir ne suffisaient pas à recharger mes batteries, j'appréhendais ce lendemain après ces nuits écourtées, et je m'essoufflais à dormir autant sans être reposée...que se passait-il? Rien ne pouvant expliquer ce sommeil si léger, ni maladie ni stress particulier, j'ai dû consulter au moins trois ou quatre médecins, avant de me faire à l'idée du discours servie par la dernière rencontrée, recommandation assortie d'un petit papier blanc où j'ai pu déchiffrer un ''Effexor'' presque illisible. ''Vous devez apprendre à vous relaxer, Mme M. Vous êtes trop anxieuse, ceci vous aidera à vous détendre''. Des anti-dépresseurs, moi? Mais je suis anxieuse et déprimée parce que je ne dors pas assez, ne pensez pas que c'est le contraire qui se passe!

   Deux ans et des dizaines de renouvellement de prescription ont passé, entrecoupés d'un sevrage de quelques mois. Ce médicament avait quand même un bon côté; en fait, je ne dormais pas mieux, au contraire, j'avais des cauchemars horribles, mais maintenant je me fichais d'être crevée le lendemain! Un dernier sevrage intense mit fin à ce traitement qui n'arrangait en rien mon problème (je précise qu'il s'agit ici de mon expérience et vous incite à ne jamais mettre fin à un traitement avant d'en avoir discuté avec votre médecin). Je terminai mes études en intervention sociale et me décrochai un nouvel emploi quelques semaines plus tard, en juillet 2005.

   En décembre de cette année-là, rien n'allait plus. Je me réveille maintenant des dizaines de fois par nuit, sans raisons. Je me couche à 9h le soir, et je me réveille chaque matin plus fatiguée que la veille. Je chope virus et infections une après l'autre, je suis au bout du rouleau. Je consulte un médecin sans rendez-vous, à Montréal-Nord. Je n'avale pas sa nouvelle prescription d'un congé de maladie, et rejette son diagnostic à la noix (Ah, vous être intervenante sociale, vous voyez trop de problèmes!); Aussi je m'objectai à sortir de son cabinet sans avoir une référence pour une étude de sommeil, une polysomnographie.

   Ainsi fut mon entrée dans le système de santé. Plusieurs mois d'attente plus tard, j'ai pu rencontrer un pneumologue, puis passer les tests de sommeil. Nous sommes en 2006. Enfin, la cause de ma fatigue fut autre que ''dans ma tête'': je souffrais du syndrôme d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAOHS). Qu'est-ce que ça mange en hiver? Cliquez ici, tout y est expliqué. Quoi que je ne corresponde en rien du profil-type de cette affection (pas de surplus de poids, de cou large, ni d'âge mûr), une caractéristique physiologique expliquait ma condition: je suis rétrognate, c'est à dire que ma mâchoire inférieure est reculée et que mon menton est fuyant. Disons que ça se remarque assez vite au premier coup d'oeil, et qu'avec cet indice, c'est incroyable que pas un seul dentiste ou médecin n'aie eu la puce à l'oreille avant...

   J'ai tenté divers traitements. D'abord, une orthèse (non prescrite par un dentiste) qui avançait ma mâchoire, à porter la nuit, qui me faisait souffrir et risquait de désaligner mes dents si portée sur une longue période.
Puis, une machine un peu encombrante à mes yeux: le CPAP. Difficile pour moi de m'y astreindre chaque nuit et de m'y contraindre à vie. Malgré son port, auquel j'ai encore tant de mal à m'habituer, il me reste cette sensation de ne pas récupérer suffisamment de sommeil. Pour beaucoup, la thérapie par pression d'air positive soulage le syndrôme; mais je me réveillais encore fatiguée...de plus, la comparaison entre des radiographies dentaires ont démontré qu'aussi mal enlignées, l'articulation mes mâchoires souffre d'arthrose, une usure prématurée. Elle s'amenuise, petit à petit, et ma mandibule inférieure bascule davantage vers l'arrière, ce qui semble comprimer de plus en plus mes voies respiratoires et me gêne au niveau fonctionnel (seules mes molaires se touchent). Des mois de recherches plus tard, de nombreuses démarches parsemées d'obstacles et des pluies d'évaluations, et m'y voici... À la recherche d'une solution, j'apprends par mes propres moyens qu'il existe une autre alternative...après maintes démarches pour faire valoir aux médecins que c'est la voie que je choisi, on se dirige finalement vers la dernière option, le traitement-choc dont les spécialistes ne m'avaient pas parlé: l'ostéotomie bi-maxillaire, afin de replacer la mâchoire. Pour vous montrer le principe : (courtoisie de sleepapneasurgery.com)

 

    La bonne nouvelle s'est annoncée par une belle journée de juin, en 2008, où enfin l'espoir d'une meilleure qualité de vie  renaissait. En novembre, je débutais le traitement orthodontique requis (mais évidemment non couvert par mes assurances...) pour l'opération. Quelques dents de sagesse en moins et quelques économies envolées, voici que le moment tant attendu arrive...plus que quelques nuits avant le grand saut, onze en fait! Ma meilleure préparation pour ce qui suivra est de consulter les blogues, forums, photos de ceux et celles qui ont eu la générosité de partager leur parcours... je déplore le manque d'informations sur les suites opératoires transmises par les hôpitaux. C'est donc à mon tour de livrer un peu de mon intimité afin de rendre la pareille aux suivants(es)!